HORS CHAMP
Réfléchir la programmation :
gestes critiques, gestes créateurs (expérimenter, réagir, décoloniser, le film exposé)
Bette Gordon, Variety, 1983
suivi
Séance 4
DécoloniserHiver 2026
Séance 3
Le film exposé6 décembre, 14 h – 17 h
Au Cinéma public, Casa Italia Commissaires invitées : Ariane De Blois, Dominique Fontaine, Nicole Gingras, Michèle Thériault
Médiatrice : Maude Trottier, Hors champ
Depuis les ouvertures et déplacements qu’a produits la catégorie de « cinéma élargi » dans les années 1960, de nombreux dispositifs et de formes installatives intègrent des films au sein de contextes d’exposition variés. Si la querelle des dispositifs déployée par Raymond Bellour (2012) réfléchissait à cette diversité sur le terrain de la différenciation ontologique, en ré-ancrant le cinéma dans la salle obscure, le terme de « cinéma d’exposition », forgé par Jean-Christophe Royoux (2000), s’ouvrait au contraire à la prise en compte de dispositifs dits « post-cinématographiques ».
De même, le groupe de recherche « Cinéma exposé », dirigé par François Bovier et Adeena Mey entre 2012 et 2014, formulait un travail de synthèse important en défendant une « histoire plurielles des dispositifs et des appareils, à l’intersection du white cube et du black box ».
Ces différentes postures témoignent d’un débat déjà ample à propos des films présentés en contexte d’exposition. Témoignant de moments charnières, elles reflètent également une série de mutations artistiques, épistémologiques et techniques.
Qu’advient-il, aujourd’hui, du film ou des formes filmiques montrés dans un contexte d’exposition et à l’échelle locale ? Que permet le circuit plus intimiste, mobile et transversal de la scène d’exposition ? Comment les commissaires abordent le choix d'œuvres filmiques dans la création de leur corpus et vis-à-vis des paramètres de la galerie ou du musée ? Quels parallèles tisser entre le commissariat et la programmation de films ?
Cette séance aura pour dessein d’interroger certaines pratiques artistiques et commissariales autour de films exposés. Les intervenantes proposeront des cas d’études afin d’alimenter ce cycle de réflexion sur la programmation de films.
Séance 2
Réagir au monde16 août, 14 h – 17 h
Au Cinéma public, Casa ItaliaProgrammateur·rice·s invité·e·s : Marlene Edoyan et Hubert Sabino-Brunette, RIDM
Discutant : Mustafa Uzener, Acéphale
Médiatrice : Charlotte Lehoux, Cinéma public et Hors champ
Propulsé par la constitution et les activités de l'ONF dès 1939, le documentaire occupe une place forte au sein de l’écosystème de cinéma québécois, ce dont témoigne à l’échelle historique et encore aujourd’hui un ensemble important d’initiatives de productions et d’espaces de diffusion. Synonyme d’engagement social et de sensibilisation à des contextes d’expérience et d’identité qui demandent à être visibilisés, le documentaire est également un lieu très vivant d’exploration des façons dont rendre compte des réalités actuelles de même que d’interrogation des postures d’énonciation.
Parmi les initiatives de programmation qui lui sont consacrées au Québec, les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) proposent une ligne éditoriale distinctive qui a fait sa marque. Formé à l'origine par un groupe de cinéastes en 1998, le festival canalise le riche polymorphisme du cinéma documentaire, en misant sur des propositions filmiques qui « renouvellent le langage du cinéma » et où les espaces entre réalité et fiction, formes testimoniales et expérimentales dialoguent ouvertement.
Une autre grande force de ce festival est d'avoir positionné son geste de programmation en équilibre avec la discussion et le partage d’idées, par l'entremise d'ateliers, de classes de maîtres et de tables-rondes. Toutes formes qui participent à démocratiser les démarches documentaires, mais également à interroger au prisme des regards cinéastes et cinéphiles différents états et statuts du monde.
Comment la direction et les programmateur·rice·s du festival conçoivent l'évolution du festival depuis sa création en 1998 ? Quels critères formels et quelle éthique pour la programmation festivalière de documentaires canadiens et internationaux ? Comment ajuster la programmation en fonction de l'actualité vive et cela, dans la forme à la fois ample et circonscrite du festival ? Comment l’appareil ample du festival, dans son momentum et l'engrenage de son organisation, dialogue-t-il avec le monde ?
Films présentés :
DETOURS WHILE SPEAKING OF MONSTERS
Deniz Simsek | 2024 | 18 min
CHANGE OF SCENERY (TAPETENWECHSEL)
Noa Blanche | 2024 | 5 min
L’ARCHE
Amira Louadah | 2021 | 10 min
Séance 1
ExpérimenterAvec la lumière collective
3 mai, 14 h – 17 h
Au Cinéma public, Casa Italia
Programmateurs invités : Benjamin R. Taylor et Noa Blanche de la lumière collective.
Médiatrice : Nour Ouayda, membre de Hors champ, cinéaste et programmatrice.
Discutante : Mathilde Fauteux, programmatrice et coordonnatrice de la distribution chez Vidéographe.
Le cinéma expérimental présente la particularité de se déployer en-dehors des circuits commerciaux et du grand public. À la fois très présent et discret à l’échelle de la scène montréalaise, ce cinéma, qui entretient des connivences avec les arts visuels, la performance et le cinéma d’animation, présente aussi cette autre particularité de faire dévier la narrativité du cinéma traditionnel vers des façons de faire davantage liées à la processualité, à la matérialité, à la perception et de la sorte convient des formes d’opacité qui réfléchissent la création et interrogent les positions conventionnelles de spectature.
En vertu de l’exigence que pose cette plus grande opacité, le cinéma expérimental nécessite un accompagnement que l’on dirait plus soutenu, ce que déploie depuis 2015 la lumière collective, organisme qui se définit comme un collectif d’artistes et de commissaires, un micro-cinéma présentant les films sur leur support d’origine et un espace de pratique et de résidences. Depuis sa création, l’organisme chapeaute une programmation en séries (VISIONS, IN SITU) et cherche à faciliter la diffusion de formes expérimentales. Selon un esprit qui se veut ouvertement collaboratif et horizontal, la lumière collective organise des séances de projection en présence des artistes et entend, selon les mots de Benjamin R. Taylor, co-fondateur du lieu, de « décortiquer les films ensemble dans un espace commun ».
Quels sont les petits et grands principes qu’observe la lumière collective en rapport avec cet esprit de collaboration ? Comment le geste de diffuser le cinéma expérimental s’enrichit de la salle de la lumière collective et comment la salle, son identité, sa taille, son emplacement, influencent la réception des films ? Qu’est-ce que la programmation de cinéma expérimental fait au cinéma et à l’art ? En quoi la discussion avec les artistes et cinéastes enrichit les programmes, au-delà des évidences ?
Films présentés :
ALIKI
Richard Wiebe | 2010 | numérique | 6 min;
SPACY
Takashi Ito | 1980-81 | 16mm vers numérique | 10 min ;
SHAPE SHIFT
Scott Stark | 2004 | numérique | 3 min;
WILD FILLY STORY
Josefin Arnell | 2020 | numérique | 20 min
projet
Présenté par la revue Hors Champ avec la collaboration de Cinéma public.Présenté en quatre séances à partir de mai 2025.
Dans le cadre d'une réflexion rétroactive, Hors champ, à la fois revue numérique et organisme de programmation, souhaite interroger la programmation de films. Afin d'alimenter cette réflexion, quatre séances sont prévues à travers desquelles des organismes et des programmateur·rice·s externes viendront discuter de leur démarche, à partir de films proposés.
Comment la programmation peut-elle étendre l'écriture des images et des films ? Quelles actions implique et suppose-t-elle ? Peut-on la comparer à un travail d'édition ou à un geste de création ? Comment concevoir le temps d'un programme, travailler en amont le désir des spectateur·rice·s, étendre la problématique à l'œuvre, inclure les discours des artistes, réfléchir le public contextuel auquel elle s'adresse et penser en fonction du canal de diffusion mobilisé ?
Cette initiative vise à travailler et à rendre visibles, au fil des séances, différentes dimensions éthiques, esthétiques, politiques et médiales qu'interpelle la programmation de films, et du même élan, à déplier les gestes impliqués.